dimanche 1 mars 2009

Henri Pézerat, de l’amiante… aux nanotubes de carbone


Il avait le simple profil d’un chimiste intègre. Il fut l’infatigable lanceur d’alerte sur les dangers de l’amiante. Henri Pézerat, qui s’est éteint ce 17 février à l’age de 80 ans, s’est simplement trouvé à l’épicentre de l’incohérence, quand saisissant l’ampleur des effets dévastateurs de la fibre cancérigène, il s’est heurté à l’inertie. "Le premier souci des pouvoirs publics est d'éviter toute vague, toute mise en cause d'acteurs économiques de poids ou d'administrations défaillantes", observait-il. Dès lors il s’est retrouvé franc-tireur face à des lobbies, affrontant Claude Allègre ou des membres de l'Académie des sciences ou de médecine.
L’expérience de l’amiante lui a révélé combien les victimes sont démunies dans un combat le plus souvent inégal. « Les acteurs économiques n'hésitent pas à mettre sur le marché des produits ou des technologies à même d'engendrer une augmentation de l'incidence des cancers", insistait-il. « Ces derniers n’ont qu’un souci en tête : gagner du temps » ajoutait Pierre Meneton, autre lanceur d’alerte sur le sel et le sucre. Comme pour contrer l’injustice, Henri Pézerat a mis son expertise au service des syndicats d'usine, des associations… Il a été aux côtés de Véronique Lapidès et du Collectif Franklin, dans leur combat sur l’héritage de la friche Kodak à Vincennes (1).
Ce 18 février l’Agence de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (AFSSET) recommandait de baisser les seuils réglementaires actuels, signalant que les fibres courtes, considérées comme peu dangereuses par rapport aux longues, devaient ne pas être occultées dans la réglementation. La demande de précaution survient alors que la Commission européenne doit examiner prochainement, dans le cadre de Reach, des demandes de dérogation pour des articles contenant de l’amiante.
Certains redoutent de nouveaux produits qui pourraient agir de la même façon que l’amiante, comme les nanotubes de carbone. Dans un avis, publié le 21 janvier 2009, le Haut conseil pour la santé publique (HCSP) a recommandé, « en vertu du principe de précaution, que la production des nanotubes de carbone et leur utilisation pour la fabrication de produits intermédiaires ou de produits de consommation et produits de santé soient effectuées dans des conditions de confinement strict ». La mise en application de telles mesures nécessitera de nouveaux « veilleurs » de la trempe d’Henri Pézerat

(1) Alerte santé, par André Cicolella et Dorothee Benoit Browaeys, Fayard, Paris 2005
(2) http://www.hcsp.fr/hcspi/docspdf/avisrapports/hcspa20090107_ExpNanoCarbone.pdf

1 commentaire:

  1. Les nanotechnologies en tant que technique générique ne sont pas potentiellement équivalent au problème que l'on a eu avec l'amiante mais bien pire. Car contrairement à l'amiante produit utiliser pour qq. fonctions spécifiques, les nanotechnologies en tant que techniques génériques (qui peuvent modifier l'ensemble des techniques et objets existants) viendront donc posé p.ê les mêmes questions que l'amiante mais à l'ensemble des domaines existants et a venir!

    RépondreSupprimer