samedi 7 mars 2009

Et si on créait un monde parallèle... et vivant ?


Des bactéries qui clignotent, des levures cracheuses de médicaments anti-paludisme, des microbes producteurs d'énergie... bientôt le monde vivant va travailler pour nous ! Les projets pleuvent, à écouter Joël de Rosnay à l'ouverture du Cycle consacré à la biologie synthétique, ce 3 mars 2009 à Paris (1). Comme on peut synthétiser désormais à volonté toutes sortes de "cassettes génétiques" pour piloter les organismes, comme le prix de ces fabriques deviennent dérisoires (35 centimes par paire de bases), et surtout comme on peut se procurer toutes les informations sur internet (avec les "lociciels libres du vivant" mis à disposition par le MIT Open WetWare), tout le monde peut se mettre à ce bricolage qu'on nomme "biologie de garage". Ainsi une étudiante américaine, Mederith Patterson s'est amusé à construire une bactérie pour détecter dans les aliments la présence de mélanine (qui a empoisonné pas mal d'enfants chinois à l'automne 2008).
Le "créateur de vies artificielles" est comme un designer ou un ingénieur électronicien qui assemble des biobriques pour obtenir un certain fonctionnement. Il ressemble à un assembleur de Legos...Il se prend même un peu pour Dieu en parlant de son GoD, pour Générateur de Diversité, qui sera régulé par un système de sélection, selon François Taddéi.

Seulement on comprend assez vite, en écoutant le dynamique autrichien, Markus Schmidt, porteur du projet Synbiosafe (http://www.synbiosafe.eu), que les constructions ne sont pas franchement anodines. Il va falloir créer une vraie frontière entre notre monde vivant et celui que l'on envisage de synthétiser. Pourquoi ? Il est clair que les objets vivants ne ressemblent à aucun autre du fait qu'ils se reproduisent et échappent donc assez vite à tout contrôle... "C'est une utopie de penser que ces constructions seront contrôlables : le vivant n'est pas docile" a témoigné un biologiste dans la salle.
C'est pourquoi l'option prônée par Markus est de développer un "monde parallèle". "Il faut faire des organismes différents de nous, incapables de se croiser avec ceux qui existent sur Terre, et éviter ainsi toute contamination" estime-t-il. C'est possible si on fabrique des molécules inédites, des doubles hélices d'ADN insérant des bases nouvelles, ou en rendant les organismes fabriqués dépendant d'une nourriture non disponible... Une manière de "donner une seconde chance à la vie".
Et Philippe Marlière de rajouter : "Ces OGM que l'on veut faire, il ne doivent pas inquiéter les gens, juste nous servir à résoudre nos problèmes. Il faut que nous ayions José Bové avec nous".
Après Second Life in silico, bonjour les avatars en chair et en os.

(1) co-organisé par VivAgora, la Cité des sciences et de l'industrie, et l'Institut de recherche et d'innovation du Centre Pompidou.

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