dimanche 24 janvier 2010

Dimanche+ : vous reprendrez bien un peu de nanos


Ca chahute en France, pas seulement quand on parle de la burqa ! Le reportage, réalisé par Bénédicte Delfaut, et présenté ce midi sur Canal+ résume l'état de chaos qui règne désormais dans les débats organisés par la Commission nationale du débat public jusqu'au 23 février. A Clermont Ferrand, on entend l'argument imparable d'un jeune homme pointant l'aberration : "Vous vendez déjà des produits dont vous ne savez pas encore s'ils sont inoffensifs (Vous n'avez pas les résultats). Il faut arrêter le délire !" Face aux invectives et blocages des échanges, Jean Bergougnoux, président de la Commission particulière déclare, le 1er décembre à Grenoble, "Je considère que votre obstruction "est un acte d'essence totalitaire qui est d'ailleurs en contradiction avec les inquiétudes que vous pouvez légitimement exprimer". La guerre est ouverte, chacun campant sur son bon droit...
Puis on visite l'unité pilote de production de Nanotubes de carbone d'Arkéma, basée à Lacq, avant de rejoindre la conférence d'Etienne Klein organisée par l'Institut Diderot le 12 janvier dernier. C'est là que nous nous sommes rencontrées, Benedicte et moi pour quelques minutes d'interview... à ne pas manquer !

lundi 18 janvier 2010

La democratie nanométrique

Tout se fige comme on pouvait le redouter. Chacun enferré dans sa logique. Les débats publics menés par la Commission nationale du débat public ne sont plus que des caricatures, des moments de postures stériles, des expériences déprimantes. Jamais on aurait imaginé des scénarii de fouilles à l'entrée - pas de pomme s'il vous plait ca serait un trop parfait projectile - de promesses obligées par écrit, de captures d'images et surtout ... des espaces séparés entre les intervenants et le public !

Comment en sommes nous arrivés à une telle aberration?
Il est clair qu'un débat public se passe dans un espace ouvert et sans contrôle. Dans la perspective d'un dialogue, mieux vaut connaitre ses interlocuteurs et éviter de les prendre à rebrousse-poils. En l'occurrence, nous savons qu'il existe, en France sur le sujet des nanotechnologies des opposants qui se sont illustrés, à Grenoble lors de la construction puis de l'inauguration de Minatec ou à Paris lors des débats Nanomonde de VivAgora, ou bien à la Cité des sciences et de l'industrie en mars 2006. Les cahiers d'acteurs du débat actuel de la CNDP indiquent aussi des postures assez critiques de nombreuses ONG, tant sur le plan des risques non maîtrisés des nanoproduits, que sur les finalités ou la gouvernance de ce nanomonde.

Dès les premières tensions, à Clermont Ferrand puis à Lille, la Commission particulière du débat public s'est crispée, évitant de répondre à la demande d'une discussion plus politique que technique. On se demande pourquoi un tel processus ne pourrait-il pas tenir compte et prendre à bras le corps des questionnements de fond qui émergent de la société? Pourquoi faut-il que le mépris soit jeté sur les perturbateurs des débats, traités de vauriens n'ayant aucun argument valide ?

J'ai suivi jeudi dernier depuis mon bureau le débat du Lyon. Quelle tristesse que ces pugilats, que cette incapacité à trouver une amorce de dialogue... Un peu plus tard, dans les rangs clairsemés de l'amphithéâtre on pouvait voir les gens respectables du CEA, de l'industrie. Exit, les faiseurs de trouble. On discute juste entre soi. Tiens une question vient pour défendre Drexler et la science fiction comme source d'inspiration... des scientifiques aussi. Mais personne ne semble admettre une telle porosité. Comme si la science était encore un monde clos ! Et bien non, le nanomonde ca n'est pas dans les laboratoires, il en est sorti et semble devenu fort sauvage !

Quelle démocratie peut sortir grandie d'une telle mascarade? L'enlisement va coûter cher en confiance perdue, en allergie aux débats ! Pourtant cette situation d'affrontements n'était pas inéluctable, inscrite comme une fatalité : le nanoForum du CNAM organisé par la Direction générale de la santé (DGS) a réalisé douze rencontres depuis 2007 sans anicroches, ni invectives. Y aurait-il donc une question d'"état d'esprit"?
Cherchez la différence .....