dimanche 7 février 2010

Invitée à Brest par la Ligue des droits de l'homme



C'était le 27 novembre dernier à la librairie Dialogues de Brest. Tempêtes sur la rade, ciel changeant comme en prise avec le large. C'est Jacques Lemetayer, responsable de la Ligue des droits de l'homme (LDH) qui a pris l'initiative de la rencontre. Ici on connait la videosurveillance et ses abus : le maire de Ploërmel est un fanatique de Big brother et la ville de Rennes tente de lutter contre la délinquance du jeudi soir en multipliant les postes d'observation. Mais nous avons parlé de bien d'autres choses que du "nanobrother" ce soir là : de la nécessité d'une vigilance citoyenne pour éviter de nous laisser envahir par des produits futiles qui en se banalisant vont menacer nos écosystèmes. Exemples : le nanoargent antibactérien qui est ajouté d'office comme revêtements des claviers d'ordinateur, des réfrigérateurs... ou le nanotitane vendu comme antisalissures et antipollutions ajouté dans les peintures, les ciments, le béton... Une petite video mise en ligne fait écho à cet échange...

dimanche 24 janvier 2010

Dimanche+ : vous reprendrez bien un peu de nanos


Ca chahute en France, pas seulement quand on parle de la burqa ! Le reportage, réalisé par Bénédicte Delfaut, et présenté ce midi sur Canal+ résume l'état de chaos qui règne désormais dans les débats organisés par la Commission nationale du débat public jusqu'au 23 février. A Clermont Ferrand, on entend l'argument imparable d'un jeune homme pointant l'aberration : "Vous vendez déjà des produits dont vous ne savez pas encore s'ils sont inoffensifs (Vous n'avez pas les résultats). Il faut arrêter le délire !" Face aux invectives et blocages des échanges, Jean Bergougnoux, président de la Commission particulière déclare, le 1er décembre à Grenoble, "Je considère que votre obstruction "est un acte d'essence totalitaire qui est d'ailleurs en contradiction avec les inquiétudes que vous pouvez légitimement exprimer". La guerre est ouverte, chacun campant sur son bon droit...
Puis on visite l'unité pilote de production de Nanotubes de carbone d'Arkéma, basée à Lacq, avant de rejoindre la conférence d'Etienne Klein organisée par l'Institut Diderot le 12 janvier dernier. C'est là que nous nous sommes rencontrées, Benedicte et moi pour quelques minutes d'interview... à ne pas manquer !

lundi 18 janvier 2010

La democratie nanométrique

Tout se fige comme on pouvait le redouter. Chacun enferré dans sa logique. Les débats publics menés par la Commission nationale du débat public ne sont plus que des caricatures, des moments de postures stériles, des expériences déprimantes. Jamais on aurait imaginé des scénarii de fouilles à l'entrée - pas de pomme s'il vous plait ca serait un trop parfait projectile - de promesses obligées par écrit, de captures d'images et surtout ... des espaces séparés entre les intervenants et le public !

Comment en sommes nous arrivés à une telle aberration?
Il est clair qu'un débat public se passe dans un espace ouvert et sans contrôle. Dans la perspective d'un dialogue, mieux vaut connaitre ses interlocuteurs et éviter de les prendre à rebrousse-poils. En l'occurrence, nous savons qu'il existe, en France sur le sujet des nanotechnologies des opposants qui se sont illustrés, à Grenoble lors de la construction puis de l'inauguration de Minatec ou à Paris lors des débats Nanomonde de VivAgora, ou bien à la Cité des sciences et de l'industrie en mars 2006. Les cahiers d'acteurs du débat actuel de la CNDP indiquent aussi des postures assez critiques de nombreuses ONG, tant sur le plan des risques non maîtrisés des nanoproduits, que sur les finalités ou la gouvernance de ce nanomonde.

Dès les premières tensions, à Clermont Ferrand puis à Lille, la Commission particulière du débat public s'est crispée, évitant de répondre à la demande d'une discussion plus politique que technique. On se demande pourquoi un tel processus ne pourrait-il pas tenir compte et prendre à bras le corps des questionnements de fond qui émergent de la société? Pourquoi faut-il que le mépris soit jeté sur les perturbateurs des débats, traités de vauriens n'ayant aucun argument valide ?

J'ai suivi jeudi dernier depuis mon bureau le débat du Lyon. Quelle tristesse que ces pugilats, que cette incapacité à trouver une amorce de dialogue... Un peu plus tard, dans les rangs clairsemés de l'amphithéâtre on pouvait voir les gens respectables du CEA, de l'industrie. Exit, les faiseurs de trouble. On discute juste entre soi. Tiens une question vient pour défendre Drexler et la science fiction comme source d'inspiration... des scientifiques aussi. Mais personne ne semble admettre une telle porosité. Comme si la science était encore un monde clos ! Et bien non, le nanomonde ca n'est pas dans les laboratoires, il en est sorti et semble devenu fort sauvage !

Quelle démocratie peut sortir grandie d'une telle mascarade? L'enlisement va coûter cher en confiance perdue, en allergie aux débats ! Pourtant cette situation d'affrontements n'était pas inéluctable, inscrite comme une fatalité : le nanoForum du CNAM organisé par la Direction générale de la santé (DGS) a réalisé douze rencontres depuis 2007 sans anicroches, ni invectives. Y aurait-il donc une question d'"état d'esprit"?
Cherchez la différence .....

mercredi 11 novembre 2009

A ceux qui s'interrogent sur les bénéfices à attendre...

De retour de Boston où je suis allée suivre la compétition iGEM 2009 de biologie synthétique, organisée chaque année par le MIT (Massachussets Institute of Technology) j'ai enregistré au Phytobar l'émission Terre à Terre de Ruth Stegassi, qui a été diffusée le 7 novembre. . J'ai fait un petit récit de retour de voyage ici.

Merci à ceux qui ont posté leurs idées et questions.
Bonjour Philippe et merci pour la remarque concernant les nanotubes de carbone. Je crois qu’il faut être très prudent quand on parle de ces composés car il en existe des milliers de sortes. Il est possible que les plus courts soient éliminés par l’organisme mais on sait aussi que les macrophages, chargés de jouer le rôle d’éboueurs se trouvent débordés par les nanotubes dont la forme en aiguille empèche leur internalisation

Quant aux deux questions d’interluttants, elles sont essentielles et mériteraient pas mal d’analyses approfondies. Ce que j’ai dit à Ruth Stegassi lors de l’émission Terre à Terre, c’est qu’il y a de vrais avantages en vue avec certaines nanotechnologies comme l’augmentation du rendement de panneaux solaires imitant la chlorophylle.
Mais il faudra vérifier que le bilan « cycle de vie » est positif...

La complexité des analyses au cas par cas me laisse penser que nous devons nous organiser pour évaluer les produits en considérant les usages. Par exemple, on ne peut pas laisser Michelin qui met des nanotubes de carbone dans les pneus ou les entreprises qui vendent des revêtements photocatalytiques (anti-pollutions avec du nanotitane, ou antibactérien avec du nanoargent) banaliser leurs produits. Seuls les usages utiles dans les hospitaux par exemple, sont à privilégier. Je ne crois pas que la réglementation suffise à freiner le déferlement de ces produits. Il faut créer des sortes de Comités d’usages responsables à l’interface entre industriels, usagers et pouvoirs publics. Serait-ce, par exemple, au Conseil d’analyse économique, social et environnemental 5CESE) de monter ça ?
A votre dernière question, je réponds bien évidemment oui : les nanotechnologies sont une « pseudo-famille » à usage marketing.

jeudi 27 août 2009

Nano sur Micromega


Tiens ! Le grand débat national sur les nanotechnologies approche ! Coup d'envoi prévu : le 15 octobre. Pour saupoudrer la rentrée de quelques nanoparticules, Patrick Chompré m'a invitée dans son émission Micromega ce dimanche 30 août à 11h30, juste après les infos (RFI 89FM a Paris !). Un nom prédestiné pour plonger dans le nanomonde...
J'ai bien aimé entendre les propos de Richard Feynman (en traduction française) qui datent de cinquante ans (son discours de 59) qui placent l'information, la dématérialisation, la programmation... tout en haut du podium. Cela m'a fait penser à la remarque du spécialiste de l'incertitude, Werner Heisenberg : "La technique est devenue un processus biologique qui, par sa nature même, se trouve soustrait au contrôle de l'homme".
Au cours de l'émission la toxicologue Francelyne Marano est interrogée sur les risques sanitaires auxquels nous sommes exposés si nous respirons des nanotubes de carbone. Tous les inconditionnels du nanomonde pourront ré-écouter la discussion sur la page Micromega

jeudi 11 juin 2009

Peur des nanos ou de trop d'hygiène ?

L'association des ingénieurs hospitaliers de France ( IHF) a organisé, le 10 juin, une discussion pour un peu mieux cerner les problèmes que lui posent le déferlement de quantité de produits estampillés "nano" : nanofilms antibactériens (au nanoargent), nanotitane pour éviter les salissures et dépolluer, verres adaptables du fait de couches minces nano, ciments ou peintures au dioxyde de titane...
Difficile en à peine trois heures de voir comment réagir au manque d'information : chacun constate que les produits sont vendus sans mention de leurs composants nanométriques et avec des fiches de toxicité qui n'intègrent pas, le plus souvent, la dimension nano qui induit des comportements inédits (réactivité, diffusion...)
Alors que faire ? Jean de Geradon, directeur commercial de NanoFrance Technologies qui vend des revêtements pour couvrir les surfaces de nanoargent ou nanotitane, défend sa gamme Photocal (Photocal en invoquant le recours à une quantité infime de matière active. Il convient qu'il y a des usages peu utiles (le nanoargent dans les chaussettes par exemple) et que la banalisation de ces "systèmes de protection" pose un grave problème de régulation. Force est de constater que les ingénieurs prescripteurs ne sont pas informés sur les nanomatériaux et qu'une démarche proactive de vigilance (poser des questions aux fabricants) s'impose.
Côté pouvoirs publics, on voit mal quelles procédures vont permettre d'aider à trier les usages, alors même qu'il sera indispensable de les limiter pour éviter d'hypothéquer des sécurités vitales. Qui peut limiter le recours à ces procédés hygiénistes forcément positifs dans une ambulance mais beaucoup mois indispensable dans un bureau ou un salon !
Tout est à construire dans ce contrôle des usages et c'est sans doute ce qui fait peur à Damien Jayat quand il lit le Meilleur des nanomondes. Je vous invite à lire sa chronique parue ce jour sur Rue89 (Rue89)

jeudi 4 juin 2009

Elkabbach s'intéresse aux nanomondes

La bibliothèque Médicis sera-t-elle un jour réduite à une tête d'épingle?
Pour l'heure, vous pouvez écouter un petit quatuor qui décrit le champ des nanotechnologies de diverses manières...

jeudi 12 mars 2009

Schlyter, comme un chien dans un jeu de quille

Le député européen Carl Schlyter n'est pas tout à fait un béotien dans le domaine scientifique. Armé d'une formation d'ingénieur chimiste spécialisée biotechnologies et environnement, ce Suédois de quarante ans, a soumis un rapport exigeant à la Commission Environnement du Parlement européen chargée d'examiner la réglementation des nanomatériaux.
On se souvient que dans sa Résolution du 4 septembre 2008 - sur l’évaluation à mi-parcours du plan d’action européen en matière d’environnement et de santé 2004-2010, le Parlement européen se disait “préoccupé par l’absence de dispositions juridiques spécifiques pour garantir la sécurité des produits de consommation contenant des nanoparticules” (Point n°20). Il dénonçait “l’attitude désinvolte de la Commission face à la nécessité de revoir le cadre réglementaire relatif à l’utilisation des nanoparticules dans les produits de consommation, eu égard au nombre croissant de produits de consommation contenant des nanoparticules qui sont mis sur le marché”.
Depuis, le groupe des Verts européens a été particulièrement actif pour finaliser une motion qui sera soumise au vote les 30-31 mars et en session plénière en avril ou mai 2009.
Celle-ci insiste sur le fait que l'on ne pourra pas récolter les bénéfices des nanotechnologies si l'on ne met pas en place un cadre réglementaire qui tient compte de la nature particulière des problèmes sanitaires posés par les nanomatériaux. Carl Schlyter, auteur de la motion, relève que la législation actuelle est forcément aveugle aux risques particuliers des nanomatériaux car nous manquons de méthodes pour les évaluer. Il affirme que la situation actuelle ne respecte pas "l'approche intégrée et sure" demandée par la Commission européenne, alors même que de très nombreux articles de soin ou de nettoyage sont déjà sur le marché. Il demande à la Commission européenne de proposer des adaptations de la législation pour être conforme au principe "no date, no market" (pas de marché sans information). Il insiste pour dire que cette "sécurisation" est nécessaire pas seulement pour protéger la santé et l'environnement mais pour donner un horizon stable aux opérateurs économiques ainsi que pour favoriser la confiance du public.

L'avis préconise enfin l'étiquetage des produits de consommation contenants des nanoparticules ou nanomatériaux. Il ajoute qu'il faut veiller à restreindre l'octroi de brevets aux méthodes de production (en évitant l'extension aux matériaux eux-mêmes) pour éviter une fracture nord-sud ("nanodivide"). Sur le plan éthique, il invite à établir des règles de conduite notamment dans le champ de la convergence avec les applications médicales.

Le débat ne sera pas inconsistant donc, quand le sujet arrivera en plénière...

mardi 10 mars 2009

Nanopuppets & nanosong

Un puppet Show pour vanter les merveilles qu'on fabrique à l'échelle nano ! Tous les petits Américains, fans de Sesame Street, ont pu voir le 4 mars dernier, "miss Blowy" chanter (au sens propre) le bonheur de vivre, entouré de trucs trop petits pour qu'on les voit mais non moins formidables : "nano, quelle surprise magnifique qui transforme l'ordinaire en extraordinaire" entend-on sur une musique dès plus niaise, tandis que s'élèvent dans les airs des tubes de carbone géants porteurs de perruques ! Les créateurs de cette video de trois minutes (Applied Sciences & Technologies et Cal) ne font pas dans la dentelle. Pour camper le sérieux de l'affaire, il n'hésitent pas à afficher fugitivement une publication au titre prometteur : "Les nanotubes de carbone de la Nasa rendent possibles les ascenseurs de l'espace". Il y en a donc pour tous les goûts ! Après un tel étalage, nul doute que les jeunes têtes blondes auront compris que "nano" c'est pareil que... la magie ! Faut-il en rire ou en pleurer?